lundi 15 novembre 2010
jeudi 11 novembre 2010
Demain dessus demain dessous
samedi 25 septembre 2010
Penser le langage Penser l’enseignement Avec Henri Meschonnic
S. Martin (dir), Penser le langage Penser l’enseignement Avec Henri Meschonnic, coll. « Résonance générale : les essais pour la poétique », Mont-de-Laval : L’Atelier du grand tétras, 2010.
jeudi 23 septembre 2010
Un entretien avec Anne Mounic traduit en espagnol
Traducción: Rodrigo Grimaldi.
Traducción: Rodrigo Grimaldi.
lundi 20 septembre 2010
Poétique du traduire en portugais brésilien
dimanche 2 mai 2010
Liste des émissions sur France Culture avec Henri Meschonnic
samedi 10 avril 2010
Une chaire "Henri Meschonnic" à l'Université autonome de Saint-Domingue
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Link Directo: http://www.elnuevodiario.com.do/app/article.aspx?id=194065 | ||||
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jeudi 8 avril 2010
8 avril 2009-8 avril 2010
En couverture dessin de Catherine Zask
Collection Cahiers d'Arfuyen n°189, 102 pages, ISBN 978-2-845-90148-3
11,00 €
Henri Meschonnic est mort le 8 avril 2009 – il y aura presque tout juste un an lorsque ce livre, son premier recueil posthume, paraîtra en librairie. Après Puisque je suis ce buisson(2001), Tout entier visage (2005), Et la terre coule (Prix de Littérature Francophone Jean Arp 2006) et De monde en monde (2009), Demain dessus demain dessous est le cinquième ouvrage d’Henri Meschonnic que publient les Éditions Arfuyen, témoignant de la fidélité d’une collaboration et d’une amitié à travers les années.
Gageons qu’avec le recul du temps, cette œuvre considérable par sa vigueur, son étendue et sa cohérence apparaîtra pour ce qu’elle est : un des monuments littéraires et intellectuels de notre temps. Les grands « intellectuels », les « maîtres à penser » ont disparu, entend-on parfois lamenter. Il y en avait un, ici, et de première grandeur : insolent, prophétique, intempestif. Les prophètes ne sont pas entendus, encore moins écoutés. Mais leur mort révèle le sens de ce qu’ils avaient dit. La postérité de Meschonnic est maintenant à l’œuvre.
De manière exemplaire, Henri Meschonnic a mené en parallèle un travail d’essayiste, de traducteur et de poète. De quoi être de tous côtés critiqué : car l’époque est aux spécialistes, aux hommes d’une seule pensée. Et Meschonnic en avait une à chaque minute, brillante, dérangeante, nouvelle. Dans le domaine de la traduction, Meschonnic avait entrepris une traduction de la Bible éclairante et novatrice. Mais surtout, surtout, Henri Meschonnic est l’auteur d’une œuvre poétique puissamment originale : nourrie de ses recherches théoriques, elle frappe pourtant par une écriture totalement libre et inspirée. C’est à la faire découvrir que les Éditions Arfuyen se sont attachées depuis dix ans. Elles continuent et continueront.
« tu es là et je suis là / les yeux fermés du bonheur / pour voir la vie / qui nous passe / demain dessus demain dessous / sans savoir où nous allons » C’est par ces lignes que commence ce recueil. On pense au merveilleux titre d’un recueil posthume de Guillevic : Présent. « tu es là et je suis là » C’est tout simple, et justement non. Nous lisons, et il n’est pas là – et il est là tout autant. Il nous parle tout familièrement, comme au soir d’une belle journée. Et non – ce sont des mots qui nous parlent, rien que des mots. Mais comment se fait-il qu’on l’entende dans ces mots comme s’il était là : la respiration, le ton, la pulsation exacte de la voix ?
Il y a cette magie dans l’écriture qui fait que la mort ne compte pour rien. Il y a cette part de jeu dans l’écriture qui fait que la mort n’est qu’une ruse, pour voir. Voir si on nous cherche, voir si toi aussi tu es là. Car « je suis là », cela ne veut rien dire s’il n’y a d’abord « tu es là ». Il n’y a de vie que dans le passage de toi à moi, d’hier à demain, et de demain à un autre demain. Nous n’en savons guère plus : il y a ce toi, ce demain. Emportés, écrasés par le flux, sans qu’on puisse jamais rien retenir. Sans ménagement la vie nous passe sur le corps. Temps, espace en déroute, sens dessus dessous. Mais aussi cette marche confiante, bras dessus bras dessous, dans l’inépuisable mouvement de la vie.
Texte © Editions Arfuyen
vendredi 2 avril 2010
La Cie des Limbes à la maison de la poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines le 12 avril 2010
« Le monde arrêté repart » d’Henri Meschonnic
Un homme et une femme sur scène. La poésie en mouvement, un langage corporel à peine perceptible, afin que le spectateur la découvre dans ses gestes les plus infimes. Lundi 12 avril 20h
© Compagnie des Limbes
Henri Meschonnic (1932-2009) est né à Paris, de parents juifs russes venus de Bessarabie
en 1924. Il y a ensuite la guerre et la traque. Puis des études de lettres. Un passage de huit mois dans la guerre d’Algérie en 1960. Premiers poèmes dans Europe en 1962 : Poèmes d’Algérie. Linguiste, il enseigne à l’Université de Lille de 1963 à 1968, puis, de 1969 à 1997, à Paris 8. Henri Meschonnic a reçu en 1986 le prix Mallarmé pour Voyageurs de la voix. Il était membre de l’Académie Mallarmé depuis 1987. Il est surtout connu pour son travail de philosophe et de linguiste, dans le domaine de la traduction, il a entrepris une nouvelle et magistrale traduction de la Bible. Henri Meschonnic est également l'auteur d'une œuvre poétique importante. Nourrie de ses recherches théoriques, elle frappe par une écriture libre et inspirée. Il est décédé le 8 avril 2009.
La compagnie des Limbes
« Mettre en scène des poèmes d’Henri Meschonnic, c'est pour nous, donner à entendre et à voir l'oralité, la corporalité de ce langage. Traduire ce que fait cette parole, et pas seulement ce qu'elle dit. Sentir le passage de la vie en nous, être à l'écoute de l'infime mouvement qui nous déplace, et nous transforme, à chaque instant. Envelopper scène et salle dans un climat intime et mouvant, mettre en relation la voix et la lumière. »
L’équipe
Mise en scène : Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin
Avec : Solene Arbel, Romain Jarry, Brieuc Jeandeau, Loïc Varanguien de Villepin
Ecriture voix/lumière : Johann Loiseau
Création sonore, conception graphique : Jean-Marc Saint-Paul
Auteur : Henri Meschonnic
« Solène et Brieuc vont côte à côte inventer le corps du poème avec tout l’espace, tous ceux qui les écoutent pour que cette écoute qu’ils sont eux d’abord fasse voir ce corps du poème qui progressivement va prendre toute la place, tout l’espace en transformant l’immobilité en mouvement, l’invisible en visible, le silence en chant… »
Extrait de l’article écrit par Serge Martin
Entrée libre sur réservation au 01.39.30.08.90
La Maison de la Poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines
Accès en transport en commun :
- RER C direction et terminus Saint-Quentin-en-Yvelines
- Train au départ de Paris-Montparnasse ou la Défense, arrêt Saint-Quentin-en-Yvelines / Montigny-le-Bretonneux
- puis bus 465 (arrêt Haussmann) ou 467 (arrêt Gaudi) horaires bus
Accès en voiture :
- A86, sortir à Versailles-Satory - Guyancourt. Suivre Guyancourt. En face du technocentre Renault, suivre médiathèque Jean Rousselot.
- A12, sortir à Guyancourt - Voisins le Bretonneux, suivre Guyancourt centre puis médiathèque Jean Rousselot.
mardi 30 mars 2010
Strasbourg le 22 avril 2010 avec Henri Meschonnic
NOUS LE PASSAGE
/JOURNÉE D’HOMMAGE À HENRI MESCHONNIC
9h-18h30 / Palais Universitaire, salle Fustel de Coulanges, 9 place de l’Université
22 AVRIL 2010
/SPECTACLE DE LA COMPAGNIE DES LIMBES
NOUS LE PASSAGE, POÈMES DE HENRI MESCHONNIC
Précédé de lectures de textes d’hommage
et de poèmes de J. Ancet, G. Dessons, P. Maillard, B. Noël, C. Régy et G. Roesz
20h30 / Auditorium de la Cité de la musique
1 place Dauphine, Strasbourg-Étoile
Poète, linguiste et traducteur, Henri Meschonnic est décédé le 8 avril 2009. Il a mené pendant plus de quarante ans une aventure unique dans la poésie et la poétique contemporaines. Son oeuvre, considérable, déborde l’érudition comme le cloisonnement entre les disciplines. L’expérience du poème était pour lui inséparable de la traduction de la Bible et d’une importante réflexion théorique sur le langage en général et le rythme en particulier. Son anthropologie historique du langage a valeur de fondation pour les Sciences Humaines et Sociales.
L’hommage que lui rend l’Université de Strasbourg est celui de chercheurs, d’étudiants, mais aussi de ses amis poètes et artistes. « Nous le passage » n’est ni un colloque, ni exactement une journée d’étude. C’est d’abord un poème que les acteurs de la Compagnie des Limbes nous donneront à entendre, dans la mise en scène de Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin. C’est aussi, par un hommage vivant, une manière de ne pas séparer les voix des poètes de celles des chercheurs, le poème et la pensée du poème, ce que Henri Meschonnic appelait « le poème de la pensée ».
Si la journée comprend une série de communications de chercheurs et jeunes chercheurs travaillant dans le champ de la poétique, de la traduction, de la philosophie, des arts et de la littérature, celles-ci prendront prioritairement pour objet le poème et ses rapports à la poétique et l’ensemble de l’oeuvre d’Henri Meschonnic, dans toutes ses dimensions qui impliquent une pensée conjointe du poème avec les disciplines du sens, les sciences humaines et de la société.
Cette journée d’hommage coïncidera avec la parution d’un nouveau livre de poèmes de Henri Meschonnic : Demain dessus demain dessous, Arfuyen, 2010.
Journée organisée par l’Université de Strasbourg, avec le soutien du CERIEL, de l’UFR des Lettres, de l’UFR des Langues, de l’UFR des Arts, des Équipes d’Accueil 1337, 2325 et 3402, de l’Office Artistique de la Région Aquitaine, de La Maison des Écrivains et de la Littérature, de l’Association Capitale Européenne des Littératures, en partenariat avec la Cité de la musique et de la danse de la Ville de Strasbourg, la DRAC Alsace, la Librairie Internationale Kléber et POLART (Poétique et politique de l’art).
Coordination / Pascal Maillard, pas.maillard@orange.fr
J'écris des poèmes, et cela me fait réfl échir sur le langage. En poète, pas en linguiste. Ce que je sais et ce que je cherche se mêlent. Et je traduis, surtout des textes bibliques. Où il n'y a ni vers ni prose, mais un primat généralisé du rythme, à mon écoute. La conjonction de ces trois activités a donné lieu pour moi à une certaine forme de pensée critique, à partir d'une transformation de la pensée traditionnelle du rythme à laquelle ont mené nécessairement ces trois activités, justement par leur conjonction. De là une critique générale des représentations du langage, et d'une carence de la pensée du langage dans la pensée contemporaine. L'importance de la critique a relativement occulté les poèmes, surtout dans la mesure de la résistance que cette pensée a suscitée. Vérifi cation empirique que la pensée fait mal, et d'abord, socialement, à qui essaie de penser. Mais le poème, tel que je l'entends, transformation d'une forme de vie par une forme de langage et d'une forme de langage par une forme de vie, partage avec la réfl exion le même inconnu, le même risque et le même plaisir, le même pied de nez aux idées reçues du contemporain. Puisqu'on n'écrit ni pour plaire ni pour déplaire, mais pour vivre et transformer la vie.
Henri Meschonnic, le 4 mars 2006 à Strasbourg, Discours de réception du Prix de Littérature francophone Jean Arp
JOURNÉE D’HOMMAGE À HENRI MESCHONNIC
[matinée]
9h - 12h30
Palais universitaire, salle Fustel de Coulanges
9 place de l’Université, Strasbourg
Modération : Gérard Dessons
9h - mot de bienvenue de Thierry Revol, Directeur de l’UFR des Lettres
La critique et la vie
9h05 - Arnaud Bernadet : « L’intellectuel critique »
9h45 - Pascal Maillard : « Une vie pour toutes les vies »
10h20 - pause
Le sujet
10h40 - Germain Roesz : « Le sujet en nous : la modernité »
11h10 - Marjolaine Piccone : « Le sujet, l’air du poème »
11h45 - Joelle Zask : « Mettre “sujet” au pluriel »
[après-midi]
14h30 - 18h30
Palais universitaire, salle Fustel de Coulanges9 place de l’Université, Strasbourg
Modération : Pascal Maillard
Le poème
14h30 - Bernard Noël : « Pour Henri Meschonnic »
15h05 - Jacques Goorma : « Je commence à cette parole »
15h40 - Gérard Dessons : « Le poème de la Bible »
16h15 - pause
Rythme et discours
16h30 - Chloé Laplantine : « Henri Meschonnic et Emile Benveniste »
17h05 - Andrew Eastman : « Le mouvement de la parole dans l'écriture : Henri Meschonnic et Gerard Manley Hopkins »
17h40 - pause
18h - Jacques Ancet : lecture de Puisqu’il est ce silence (Lettres vives, 2010), élégie écrite à la mémoire d’Henri Meschonnic.
[soirée]
20h30 - 22h30
Auditorium de la Cité de la musique et de la danse
1 place Dauphine, Strasbourg-Étoile
20h30 - lecture de poèmes et de textes d’hommage de Jacques Ancet, Gérard Dessons, Pascal Maillard, Bernard Noël, Claude Régy et Germain Roesz
21h30 - spectacle de la Compagnie des Limbes, NOUS LE PASSAGE,
mise en scène de Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin
conception & impression : imprimerie DALI 2010 - Université de Strasbourg — Photographie de Catherine Zask
/entrée libre
Journée organisée par l’Université de Strasbourg, avec le soutien du CERIEL, de l’UFR des Lettres, de l’UFR des Langues, de l’UFR des Arts, des Équipes d’Accueil 1337, 2325 et 3402, de l’Office Artistique de la Région Aquitaine, de La Maison des Écrivains et de la Littérature, de l’Association Capitale Européenne des Littératures, en partenariat avec la Cité de la musique et de la danse de la Ville de Strasbourg, la DRAC Alsace, la Librairie Internationale Kléber et POLART (Poétique et politique de l’art).
ACTION CULTURELLE DE L’UNIVERSITÉ DE STRASBOURG 22 rue René Descartes – BP 80010 – 67084 Strasbourg cedex – 03 68 85 66 44 – action-culturelle@unistra.fr
dimanche 28 mars 2010
Un nouveau livre de Jacques Ancet "pour Henri Meschonnic"
Puisqu'il est ce silence
Prose pour Henri Meschonnic
Au milieu des phrases, des paroles, dans le brouhaha, on l'entend, on en est sûr. Sa voix est sourde mais insistante. Elle dit — on peut même la comprendre — j'ai rendez-vous, là, avec quoi ? On tend les mains comme pour l'accueillir mais rien ne vient les remplir. Un léger vent s'est levé, le rouge des giroflées vacille. On se dit que, oui, avec quoi ? Le calendrier aligne ses dates : le passé et le futur y sont des chiffres immobiles. Le présent, lui, est insaisissable. On l'a dans la bouche comme une illumination soudaine. Comme cette voix qui, au bord de dire adieu, murmure — on l'entend distinctement : Vous n'êtes pas sérieux. On ne dit adieu à rien.
mercredi 24 mars 2010
Le poème Meschonnic
samedi 20 mars 2010
Mardi 30 mars: projection de "Henri Meschonnic ou la poétique du rythme"
Le mardi 30 mars, au cinéma L'Entrepôt (7, rue de Préssensé), dans le
14e arrondissement, un documentaire consacré à Henri Meschonnic sera
projeté à partir de 20h.
"Henri Meschonnic ou la poétique du rythme" a été réalisé par Elodie Lélu, écrit par Maxime Gervais, Elodie Lélu et Thomas Vercruysse, avec la participation de Sophie Comarmond.
Vitry: 9 et 10 avril 2010
Studio-Théâtre de Vitry
18, avenue de l'insurrection
94400 Vitry-sur-Seine
Tél : 01 46 81 75 50
Fax : 01 46 81 75 94
Henri Meschonnic, poète, traducteur et linguiste est mort il y a un an. Son œuvre extrêmement riche est centrée sur les questions du poème, de l’oralité, du rythme. Ses traductions de la Bible ont transformé notre perception de ces textes fondateurs. Les Ouverture(s) d’avril lui seront consacrées et rendront hommage à son œuvre de poète. Nous aurons le plaisir d’accueillir Gérard Dessons, universitaire et collaborateur d’Henri Meschonnic, Dominique Reymond et Axel Bogousslavsky, comédiens, pour une lecture/débat autour des enjeux de la poésie et de la traduction. La Compagnie des Limbes, en résidence au Studio-Théâtre, présentera NOUS LE PASSAGE, spectacle mis en scène par Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin sur des poèmes d’Henri Meschonnic.
Le rythme et la vie
L’œuvre poétique d’Henri Meschonnic
au Studio-Théâtre
Vendredi 9 avril
20h30 : NOUS LE PASSAGE
Samedi 10 avril
18h : LECTURE/DEBAT avec Gérard Dessons, Dominique Reymond et Axel Bogousslavsky
20h30 : NOUS LE PASSAGE
@ J. Torregano/Fédéphoto
Toute ma vie est dans mes poèmes, mes poèmes sont le langage de ma vie. C'est par eux que je vais d'inconnu en inconnu. Ils me font plus que je les fais. Et ils sont reconnus par ceux qui sont du même côté du langage, du même côté de la vie que moi. Un poème, pour moi ne raconte pas d'histoires. Mes poèmes sont les condensations du sens de ma vie. C'est pourquoi ils tiennent moins de place que le reste de mon travail, mais c'est eux qui me font traduire la Bible comme je traduis, qui me font penser le langage, la poésie, la traduction comme je fais. Pour moi, un poème est ce qui transforme la vie par le langage et le langage par la vie. C'est mon lieu, et je le partage.
Il ne faut pas beaucoup de mots pour transformer notre rapport au monde et à nous-mêmes. L'exemple le plus simple, ce serait, entre autres, il se trouve que c'est le premier qui me vient à l'esprit, un poème de Giuseppe Ungaretti, fait de deux mots :
M'illumino
d'immenso.
(Je m'illumine d'immense.)
La poésie doit transformer le monde, elle transforme notre rapport au monde ou elle n'est pas la poésie, mais une poétisation. Autrement dit, la poésie, c'est l'union maximale du langage et de la vie. Écrire un poème, c'est faire la vie. Lire un poème, c'est sentir la vie qui nous traverse et être transformé par lui.
Penser, écrire, c'est travailler à être libre, c'est-à-dire vivant.
Henri Meschonnic, Vivre poème, Dumerchez, 2005
Henri Meschonnic (1932-2009) est né à Paris, de parents juifs russes venus de Bessarabie en 1924. Il y a ensuite la guerre et la traque. Puis des études de lettres. Un passage de huit mois dans la guerre d’Algérie en 1960. Premiers poèmes dans Europe en 1962 : Poèmes d’Algérie. Linguiste, il enseigne à l’Université de Lille de 1963 à 1968, puis, de 1969 à 1997, à Paris 8. Henri Meschonnic a reçu en 1986 le prix Mallarmé pour Voyageurs de la voix. Il était membre de l’Académie Mallarmé depuis 1987.
Il a rencontré le travail théâtral d’Antoine Vitez et de Claude Régy, a participé aux recherches de l’Académie Expérimentale des Théâtres et a orchestré le cahier intitulé Théâtre Oracle, N°189, 2008-2 de la revue Théâtre/Public paru en juin 2008.
Henri Meschonnic est surtout connu pour son travail de linguiste, de théoricien de la poétique et de la traduction. Citons, parmi son imposante bibliographie, les cinq volumes de Pour la poétique I/ Pour la poétique, II/ Epistémologie de l’écriture, Poétique de la traduction, III/ Une parole écriture, IV/ Écrire Hugo, V/ Poésie sans réponse (Gallimard, 1970 à 1978); Le langage Heidegger (PUF, 1990); Critique du rythme (Verdier, 1982); Modernité modernité (Verdier, 1988); Poétique du traduire (Verdier, 1999); L’utopie du Juif (Desclée de Brouwer, 2001);Spinoza poème de la pensée (Maisonneuve & Larose, 2002); Un coup de Bible dans la philosophie (Bayard, 2004); Dans le bois de la langue (Laurence Teper, 2008); Pour sortir du postmoderne (Klincksieck, 2009).
Dans le domaine de la traduction, Henri Meschonnic a entrepris une nouvelle et magistrale traduction de la Bible dont on rappellera les volumes parus chez Desclée de Brouwer : Gloires, traduction des Psaumes (2001); Au commencement, traduction de la Genèse (2002); Les Noms, traduction de l’Exode (2003); Et il a appelé, traduction du Lévitique (2005); Dans le désert, traduction des Nombres (2008).
Henri Meschonnic est également l'auteur d'une œuvre poétique importante. Nourrie de ses recherches théoriques, elle frappe par une écriture libre et inspirée.
On citera : Dans nos recommencements (Gallimard, 1976); Légendaire chaque jour(Gallimard, 1979); Voyageurs de la voix (Verdier, 1985); Je n’ai pas tout entendu(Dumerchez, 2000); Infiniment à venir (Dumerchez, 2004); Tout entier visage (Arfuyen, 2009); Et la terre coule (Arfuyen, 2009); De monde en monde (Arfuyen, 2009). Un numéro spécial a été consacré par la revue Faire Part à l’œuvre d’Henri Meschonnic sous le titre Le Poème Meschonnic.
Lecture/débat
Avec Gérard Dessons, Axel Bogousslavski et Dominique Reymond
Samedi 10 avril à 18h
Avec la voix, il s’agit du poème, et il s’agit déjà du théâtre. La voix contient tout le corps et tout le sens. Elle fait que ni le corps ni le sens n’existent l’un sans l’autre. En lisant on ressent, en écoutant on comprend. L’important, dans tous les cas, c’est d’entendre.
Le théâtre est ce moment particulier, moment de tous les risques, où la voix de l’acteur fait entendre la voix du poème, telles qu’ensemble elles s’inventent infiniment. La voix de l’acteur — celui qui acte la parole — s’informe du poème, naît à son dire. Quant à la voix du poème, elle n’est pas dans le poème comme une substance en attente d’être manifestée. Elle est du poème, au sens où elle en provient. La force d’un texte — et c’est bien en cela qu’il est poème — réside dans cette capacité de tendre les voix singulières — de l’auteur, de l’acteur — vers cette voix plurielle, impersonnelle, migrante qui devient le théâtre lui-même. Les poèmes d’Henri Meschonnic ont cette force de transformer ceux qui les lisent, qui les disent et qui les écoutent, en voyageurs de la voix.
Gérard Dessons
Gérard Dessons est professeur de langue et littérature françaises à l’université Paris 8, où il travaille sur la poétique, la théorie du langage et la théorie de l’art. Il est membre du groupe Polart, poétique et politique de l’art.
Il a notamment publié Emile Benveniste, l'invention du discours (In press, 2006);Rembrandt, l'odeur de la peinture (Laurence Teper, 2006); Introduction à la poétique. Approche des théories de la littérature (Armand Colin, 2005); Maeterlinck, le théâtre du poème (Laurence Teper, 2005); L'Art et la manière. Art, littérature, langage (Honoré Champion, 2004); et, en collaboration avec Henri Meschonnic, Traité du rythme: des vers et des proses (Nathan, 1998).
Il est également l’auteur de Petite théorie du papier, Marano Vicentino, Pino Guzzonato, 2000; Lieux communs (dessins d'Odile Druhen), La Licorne, 1993; Mon rêve d'une femme assassinée (dessins d'Hervé Sornique), Cardinaux, 1988.
Axel Bogousslavsky a joué au théâtre dans la plupart des spectacles de Claude Régy et avec les metteurs en scène Bruno Bayen (Stella) ; Jean-Michel Rabeux ; Xavier Marchand (Au Bois lacté) ; Jean-Baptiste Sastre (L’Affaire de la rue de Lourcine, Tammerlan) ; Etienne Pommeret (Drames brefs) etc.
Avec Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, il a joué dans la Sonate des Spectres de Strindberg en 2003, dans Adam et Ève de Boulgakov en 2007 et dans Feux d’après August Stramm en 2008.
Au cinéma, il a joué notamment dans le film de Marguerite Duras Les Enfants et a tourné sous la direction de Manoel de Oliveira dans Mon cas.
Dominique Reymond, après avoir suivi les cours des Arts Décoratifs et du conservatoire Populaire de Genève, intègre le C.N.S.A.D. dans la classe d’Antoine Vitez. Avec lui, elle joue dans Falsch de René Kalisky, la Mouette d’Anton Tchekhov, le Héron de Vassili Axiomov,l’Échange de Paul Claudel. Elle travaille notamment sous la direction de : Jacques Lassalle,l’Heureux stratagème de Marivaux ; Bernard Sobel, la Ville de Paul Claudel, la Forêtd’Ostrovsky, Tartuffe de Molière ; Klaus–Michael Grüber, la Mort de Danton de Büchner ; Bruno Bayen, Weimarland ; Pascal Rambert, John & Mary, Antoine et Cléopâtre de Shakespeare ; Sophie Loucachevsky, Phèdre de Marina Tsvetaeva ; Jacques Rebotier, l’Éloge de l’ombre ; Marie-Louise Bischofberger, Visites de Jon Fosse ; Luc Bondy, Une pièce espagnole de Yasmina Reza ; Marc Paquien, le Baladin du monde occidental de John Millington Synge; Manuel Rau, le Pélican d’August Strindberg… Avec Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, elle a joué dans Feux d’après August Stramm en 2008. Au cinéma, elle a joué entre autres dans Y aura-t-il de la neige à Noël et Il sera une fois de Sandrine Veysset,La naissance de l’amour de Philippe Garrel, Destinées sentimentales, Demon lover, et L’heure d’été d’Olivier Assayas.
Nous le passage
poèmes d’Henri Meschonnic
mise en scène Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin
Vendredi 9 et samedi 10 à 20h30
avec
Solène Arbel
Romain Jarry
Brieuc Jeandeau
Martine Valette
Écriture voix/lumière : Johann Loiseau et Jean-Luc Petit
Création sonore : Jean-Marc Saint-Paul
Merci à Régine Blaig
Mettre en scène des poèmes d'Henri Meschonnic, c'est pour nous donner à entendre et à voir l'oralité, la corporalité de ce langage. Traduire ce que fait cette parole, et pas seulement ce qu'elle dit. Sentir le passage de la vie en nous, être à l'écoute de l'infime mouvement qui nous déplace, et nous transforme, à chaque instant. Envelopper scène et salle dans un climat intime et mouvant, mettre en relation la voix et la lumière.
Cette recherche nous invite à concevoir un dispositif scénique privilégiant l'écoute de la voix du poème à une théâtralité visuelle car au théâtre “c'est l'oreille qui voit, c'est ce qu'on donne à entendre qui fait qu'on visualise” (Henri Meschonnic, Le théâtre dans la voix, dans Penser la voix, La Licorne N°41, 1997).
Donner à entendre les échos, les résonances, d'un poème à l'autre, d'un recueil à l'autre, c'est mettre en scène la voix plurielle du poème, dont tous les acteurs sont les passeurs, jusque dans le silence. De même, le spectateur par son écoute devient coénonciateur de la voix du poème et par là-même acteur de la parole.
Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin
Production : Compagnie des Limbes, OARA - Office Artistique de la Région Aquitaine, TNT Manufacture de chaussures, IDDAC - Institut Départemental de Développement Artistique et Culturel, Pôle Culturel Intercommunal des Anciens Abattoirs à Billères (84), Société bordelaise de CIC, Festival de Théâtre de Blaye et de l'Estuaire, Espace Jéliote - Oloron Sainte-Marie. La compagnie est subventionnée par le Conseil Régional d'Aquitaine, le Conseil Général de la Gironde et la Mairie de Bordeaux. Avec le soutien de l'UFR Arts et du Service Culturel de l'Université Michel de Montaigne Bordeaux 3.
La Compagnie des Limbes a été fondée en 2001 par Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin. Elle est basée à Bordeaux.
« Des écritures appellent le théâtre. Parce qu’elles inventent un langage. Parce qu’elles transforment la représentation que nous avons du monde, le sens de notre vie. Parce qu’on y entend du corps, parce qu’on y entend une voix qu’on avait jamais entendue jusqu’alors. C’est pourquoi nous travaillons avec des poèmes, des romans plus qu’avec des pièces de théâtre. Peut-être pour donner à entendre et à voir que ce qui fait théâtre c’est d’abord le langage, l’énergie créatrice du langage, tout ce qui déborde la signification et qui ouvre sur l’invisible et l’inaudible du langage et de la vie.
Aussi différentes que soient les écritures avec lesquelles nous travaillons - Ghérasim Luca, Kurt Schwitters, Virginia Woolf, Jon Fosse, Henri Meschonnic, Arnaud Rykner -, chacune d’elle, de manière singulière, met en jeu ces questions : Qu’est-ce que vivre, comment vivre et comment dire/écrire. Chacune d’elle articule à sa façon dire et vivre. Chacune transforme à sa manière notre rapport au langage et à la vie.
À chaque aventure, nous rapprenons à lire, nous apprenons à écouter ce qu’un langage crée, à sentir la manière dont le mouvement de la parole s’organise, pour que la puissance de vie qu’invente une écriture se déploie à la scène et passe entre les acteurs et les spectateurs. A travers notre pratique du théâtre se dessine la recherche et la création d’un théâtre du poème. Un poème, entendu comme une activité qui transforme la vie par le langage et le langage par la vie, pour reprendre la définition d’Henri Meschonnic.
Le nom de notre compagnie – compagnie des Limbes – traduit bien notre idée du théâtre comme d’un espace par excellence ouvert et indéterminé où tout peut se passer, d’une expérience au-delà du vivant et du mort. Le caractère vague et incertain de l'état qu'on lui associe communément plutôt de manière péjorative : être dans les limbes, est ici l'état de possibilité de toute chose, indéfiniment naissante, infiniment disparaissante. Être et ne pas être, non pas successivement, mais en même temps : peut-être est-ce cela le théâtre des Limbes. »
Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin
Romain Jarry et Loïc Varanguien de Villepin, comédiens et metteurs en scène. Formés au conservatoire de Bordeaux où ils ont notamment suivi l’enseignement de Pilar Anthony. Ils fondent la compagnie des Limbes en 2001 et mettent en scène, ensemble : Mues sur des textes d’Antonin Artaud, Ghérasim Luca et Kurt Schwitters en 2003, Hiver de Jon Fosse en 2005, Les Vagues de Virginia Woolf en 2006, Dépeçage de Kurt Schwitters en 2006, Vivre dans le secret et Matin et soir de Jon Fosse en 2007, No man's langue poèmes de Ghérasim Luca, Écrire c'est créer un lieu ou on peut vivre, triptyque Jon Fosse en 2009. Projets à venir : Enfants Perdus d'Arnaud Rykner.