Puisqu'il est ce silence
Prose pour Henri Meschonnic
Au milieu des phrases, des paroles, dans le brouhaha, on l'entend, on en est sûr. Sa voix est sourde mais insistante. Elle dit — on peut même la comprendre — j'ai rendez-vous, là, avec quoi ? On tend les mains comme pour l'accueillir mais rien ne vient les remplir. Un léger vent s'est levé, le rouge des giroflées vacille. On se dit que, oui, avec quoi ? Le calendrier aligne ses dates : le passé et le futur y sont des chiffres immobiles. Le présent, lui, est insaisissable. On l'a dans la bouche comme une illumination soudaine. Comme cette voix qui, au bord de dire adieu, murmure — on l'entend distinctement : Vous n'êtes pas sérieux. On ne dit adieu à rien.
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