Henri Meschonnic (1932-2009) est l'auteur d'une oeuvre considérable où poèmes, essais et traductions font le continu d'une théorie du langage et du rythme et d'une pratique d'écriture et de lecture pleines de vie l'une par l'autre. Ce blog offre simplement des documents à tous ceux qui de près ou de loin aimeraient continuer avec Henri Meschonnic.

lundi 29 octobre 2012

Un article de la revue Palimpsestes sur le traduire-écrire-Meschonnic

La revue Palimpsestes publie un numéro sur "traduire la cohérence" avec un article de Jean-Pierre Richard : "L'épreuve du rythme : le "poème" d'Henri Meschonnic fait-il ce qu'il dit?"


Il faudrait discuter dans le détail cet article à la fois pour y apercevoir une attention au "poème de la pensée" de Meschonnic (l'article s'intéresse au "dernier ouvrage publié de son vivant" par HM: Ethique et politique du traduire) mais également pour y sentir je ne sais quelle fourberie quand in fine le critique traducteur de l'anglais conclut sur "une difficulté pour le lecteur" qui relève, si j'ai bien compris, d'une dichotomie entre le fond et la forme que réitère Richard tout en naturalisant le "continu généralisé" qui est un combat et non une technique ou technicité - ce qui semble être le cas pour Richard qui passe allègrement de combat à guerre puis à polémique en faisant l'impasse sur la notion de critique ! Il me semble que la notion de cohérence est ici alléguée pour réduire la force et la portée de la notion de continu. Il faudrait alors lire tout le numéro... Ce n'est pas la cohérence qu'il faut traduire mais le continu... Une petite différence qui permet le saut d'une rhétorique à une poétique...

Je cite seulement la conclusion de JP Richard et on ira ensuite à l'article dans son entier en revenant au livre d'H.M. :
Mais s’il est certain que « le signe casse au poème » (35), que le dualisme ne tient pas devant le continu du sens, l’inverse est exclu, puisque le langage a le continu pour principe même de fonctionnement. À ce niveau on ne saurait parler de cohérence ou d’incohérence : la notion n’est pas pertinente, même si le poème cultive le discontinu. Si incohérence il y a, elle ne peut être que secondaire et locale, comme chez Meschonnic, quand le poème nie explicitement toute action polémique en même temps qu’il mobilise une autre partie de ses forces verbales pour se faire batailleur. Mais quand il affirme le primat du rythme comme avènement du sens, et enclenche aussi la dynamique inverse, celle du discontinu, il n’y aucun danger d’incohérence : jamais le poème ne cassera au signe. Le signe est mort ; le poème joue à la guerre. Telle est sa « stratégie du sens » (C : 20). C’est ce jeu qui gêne la lecture, quand le texte tire à hue et à dia. Les rythmes épisodiques de la guerre des savoirs viennent parasiter le poème meschonnicien du continu, mais il n’y a là ni contradiction, ni incohérence, juste une difficulté pour le lecteur à accepter le point de vue du « continu rythmique » (164) généralisé. C’est elle qui rend peut-être moins convaincantes, alors qu’elles sont irréfutables, les preuves du rythme.
http://palimpsestes.revues.org/441

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