A l'occasion de la reprise en poche de:
un important texte dont je donne ici le début (pour la lire la suite, il faut cliquer sur le lien ci-dessus):
Henri Meschonnic a cinquante ans lorsqu’il fait paraître Critique du rythme. Anthropologie historique du langage en 1982. Il a déjà publié chez Gallimard les cinq tomes de Pour la poétique (1970‑1978), Le Signe et le Poème (1975), deux traductions de la Bible : Les Cinq Rouleaux (1970) et Jona et le signifiant errant (1981), et trois recueils de poèmes : Dédicaces proverbes (1972), Dans nos recommencements (1976), Légendaire chaque jour (1979). Critique du rythme paraît en 1982 chez Verdier dans un grand format de 713 pages ; il est réédité en format de poche en 2009 par le même éditeur et dans la même pagination. Cette réédition remet au jour, près de trente ans après sa première publication et peu de temps avant le décès de son auteur (disparu en avril de la même année), le texte considéré comme central de celui‑ci et l’un des textes majeurs de la pensée française d’après le structuralisme.
Ce livre s’inscrit plutôt au début d’une œuvre qui s’étend sur quarante ans, compte plus de cinquante livres, incluant une dizaine de recueils de poèmes. Il s’agit d’une œuvre triple : œuvre de théorie, de poésie et de traduction, qui ne se conçoit pas selon des genres distincts mais comme le chemin, à travers des occurrences chaque fois spécifiques et qui s’interrogent mutuellement, d’une même pratique. « La théorie ne peut être issue que d’une pratique, commençait Pour la poétique. Les propositions tentées ici ne doivent pas se lire indépendamment de l’épreuve où la théorie s’est faite et continue à se faire », à savoir « [t]héorie, lecture, traductions et poèmes » qui « se veulent une seule pratique et théorie de l’écriture, non un art, mais un langage qui tende une pratique du continu vers une pensée du continu1. » C’est là l’historicité de cette œuvre : chaque nouvel opus vient entériner et dire à nouveau ce dont elle est l’épreuve et la démonstration ; chaque livre recommence à neuf ce qui n’a jamais fini de se dire. C’est pourquoi elle se réclame d’une historicité « radicale2 », qui se constitue comme principe premier et fondamental de tout discours, et pourquoi elle vise ultimement à faire se rejoindre les théories du langage et de l’histoire en « une même théorie3 ». C’est ce qui fait aussi son efficace, réalisant ce qu’elle préconise : créer un continu entre la théorie comme activité de recherche et la poésie comme maximalisation du rapport entre le langage et la vie.
Critique du rythme marque un moment de cette pensée. Publié au lendemain de la grande époque structuraliste, il fait la critique de son temps et rassemble avec force et visibilité les enjeux que son auteur s’efforce de démontrer depuis dix ans. Sa particularité est que le rythme y devient un élément central, opérateur de subjectivité et d’historicité, à même de contrer la logique du signe en plaçant, à la suite de Benveniste, le langage au cœur de la définition humaine. Bien qu’il ait été suivi de nombreux autres, l’ouvrage reste peut‑être le parangon de cette aventure intellectuelle originale.
la suite ici: http://www.fabula.org/revue/document7129.php
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