Henri Meschonnic (1932-2009) est l'auteur d'une oeuvre considérable où poèmes, essais et traductions font le continu d'une théorie du langage et du rythme et d'une pratique d'écriture et de lecture pleines de vie l'une par l'autre. Ce blog offre simplement des documents à tous ceux qui de près ou de loin aimeraient continuer avec Henri Meschonnic.

jeudi 3 mai 2012

Note sur L'obscur travaille par Jean-Yves Masson dans Le Magazine littéraire


L'obscur travaille, Henri Meschonnic

À l'occasion de la sortie du dernier recueil de poèmes d'Henri Meschonnic disparu en 2009, retour sur l'oeuvre du poète-traducteur.


L’oeuvre désormais close d’Henri Meschonnic, mort le 8 avril 2009, qui aurait eu 80 ans en septembre prochain, se compose de 27 livres d’essais, 7 volumes d’une traduction, hélas ! inachevée, de la Bible, et 17 recueils de poèmes. Il est l’un des théoriciens français les plus importants du XXe siècle dans deux domaines : la théorie de la traduction et la poétique, où il exerça sa redoutable intelligence avec une acuité critique qui lui valut une réputation de polémiste forcené. Réputation excessive, mais pas toujours injustifiée, dont souffrait cet homme aux manières et à la voix très douces, conférencier passionnant, dont les cours à Paris-VIII familiarisèrent des générations d’étudiants avec l’analyse de la poésie. Mais le coeur de cette activité théorique était la pratique constante d’une poésie d’une extrême cohérence, dont le titre du premier recueil, Dédicaces proverbes (éd. Gallimard, 1972), indique bien les deux directions essentielles : le poème de Meschonnic est toujours dédié à quelqu’un, en même temps qu’il efface la personne privée de son auteur au profit de la quête d’une voix universelle. La richesse de cette oeuvre, déjà explorée en 2008 dans un numéro double de la revueFaire part (n° 22-23), est exemplairement étudiée par un passionnant dossier de la revueEurope coordonné par Serge Martin - en poésie, Serge Ritman, qui vient de publierDédicaces poèmes, un ouvrage « écrit non pas sur, mais vers » Henri Meschonnic (éd. Atelier du Grand Tétras). Atteint d’un mal incurable, Meschonnic a écrit ses derniers poèmes confronté à l’énigme de la fin qui approchait, en leur demandant ferveur et lucidité : textes brefs, toujours sans titre (comme dans toute son oeuvre), qui maintiennent intact l’espoir en la Vie, valeur poétique suprême à ses yeux.
Par Jean-Yves Masson
Le Magazine littéraire n° 519, p. 46

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