Dans son numéro d'été (juillet-septembre 2011), la revue Mouvement publie un inédit d'Henri Meschonnic (p. 132-133) : "Et le chant est qui chante" (je corrige la coquille du chapeau de l'article) qui est une prise de parole prononcée à l'académie expérimentale du théâtre en décembre 2001 à l'invitation de Michelle Kokosowski à l'IMEC et dont la retranscription de son début a été assurée par Marianne Dautrey - cela donne envie de connaître l'ensemble.
HM commence par l'expérience qui le situe là où on lui a demandé de parler à propos de théâtre : " nous sommes traversés par les choses de la voix. Je crois que je suis un homme du poème". Alors il précise sa situation au plus près, au plus juste avec la traduction de la Bible et plus précisément du Chant des chants et de son premier chapitre (traduit par lui il y a plus de trente ans) "rendu à sa poétique du divin". Je retiendrais plus que ce qu'il souligne, la rencontre de ce "chant est qui chante" avec la formule forte de Mallarmé, "le poème, énonciateur", je retiendrais cette "fin de l'extrait": "raconte-moi - toi que mon âme - a aimé" (les blancs ne sont malheureusement pas reproduit dans la retranscription de la revue). Cette prosodie du racontage pleine de dialogisme amoureux qui emmêle les corps, les corps-langage. Toute la force chez Meschonnic, du poème à l'essai, de la conférence à la traduction, de ce corps-langage-relation. Oui alors: le poème fait la prophétie du langage, de la vie. La vie d'un phrasé qui continue : un phrasé-relation.
J'aime la photographie de Pascale Butel-Skrzyszowski: le sourire du regard, double relationnel, qui s'accompagne du geste - repli intérieur - ouvrant la voix à sa plus grande résonance intérieure - cette voix de plus en plus grave qui accompagnait les lectures d'Henri - comme à sa plus grande force: atteindre un presque silence qui serait un maximum de relation de vie.
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